Daniel Dubaux du Gaec des Lilas : « UNE VACHE EN BONNE SANTÉ AU VÊLAGE, C’EST LA PRIORITÉ POUR MOI ! »

REPORTAGE – Miser sur le préventif, c’est ce qui permet à Daniel Dubaux, le responsable du troupeau laitier du Gaec des Lilas, de gérer, la plupart du temps seul, le cheptel de 160 vaches Prim’Holstein. Depuis 2017, il a amélioré la santé et la productivité laitière des animaux en début de lactation. Le tout en simplifiant la préparation au vêlage grâce à un aliment tout en un : Préparto.

« Dans notre ferme, je suis le seul associé véritablement motivé par la production laitière. Mes trois autres collègues ont plus d’affinités avec les cultures et les activités de travaux agricoles » raconte Daniel Dubaux du Gaec des Lilas situé à Champneuville, dans la Meuse (55). Il porte pratiquement seul la conduite des 160 vaches laitières de l’exploitation. « Je peux quand même compter sur l’assistance de l’un de mes associés trois heures par jour » nuance l’agriculteur 1. Ses associés soignent également les animaux un week-end sur deux ce qui lui permet de libérer autant de jours de repos tout en gardant un œil sur l’élevage grâce à son smartphone. Cette productivité du travail est obtenue sans concession sur les résultats techniques comme en témoignent les 35 kg de lait par vache, les analyses de lait au tank, le taux de réussite en première IA et l’absence de problèmes sanitaires au vêlage (Voir les données chiffrées dans la fiche descriptive de l’élevage). « Je ne peux donc pas me permettre de perdre trop de temps à soigner des animaux malades et de désorganiser mes journées pour gérer des vaches mal en point » souligne Daniel Dubaux. C’est pourquoi, il ne rechigne pas à investir dans la prévention des problèmes sanitaires ; en particulier dans la préparation au vêlage, car il a dû faire face à une « épidémie » de fièvres de lait il y a une quinzaine d’années.

Cibler les animaux à plus de 30 kg de lait avant le tarissement

Un mois avant leur tarissement, Daniel Dubaux cible les animaux qui produisent plus de 30 kg de lait par jour pour hâter leur baisse de production. En effet, le risque de mammites au vêlage augmente proportionnellement à la production laitière au-dessus de 15 kg au moment du tarissement. « Je leur retire le concentré de production distribué aux robots et diminue le nombre de traites » décrit l’éleveur. Les vaches hautes productrices sont taries pendant une durée plus courte, proche de 45 jours, par rapport aux autres animaux dont la période sèche dure 55 jours. Dans le protocole de tarissement sélectif, ces animaux sont traités systématiquement aux antibiotiques alors que 15 à 20 % des vaches ne reçoivent que des obturateurs 2. Une fois taries et parées, les vaches sont éloignées de celles en production pour faciliter « la coupure » de la sécrétion lactée. Au moment de la préparation au vêlage, elles reviennent sous le même toit que les vaches laitières dans des cases dédiées où multipares et génisses sont mélangées. Des brasseurs d’air verticaux ont été installés au-dessus de leurs cases pour ventiler les animaux en été. Ce qui a contribué à diminuer les problèmes autour du vêlage constatés en automne suite aux étés chauds. « Pour améliorer encore le confort de mes taries, il faudrait que je remplace les abreuvoirs à palette par des bacs à niveau constant pour leur offrir plus d’eau » note, comme amélioration possible, l’agriculteur.

16 kg MS ingérés en préparation au vêlage

La préparation au vêlage commence 21 jours avant la date attendue du vêlage. C’est au jour près ! En effet, Daniel Dubaux déplace les animaux un par un, autant de fois qu’il le faut dans la semaine. « Dans mon organisation du travail, je n’ai pas fixé de jour pour la mise en préparation au vêlage. Je considère que faire varier de quelques jours la durée de cette préparation alors qu’elle ne dure que 21 jours, c’est beaucoup ! » justifie l’éleveur. Pour simplifier la confection des rations, les vaches en préparation au vêlage reçoivent 10 kg bruts de la ration des laitières (soit 4,5 kg MS – Voir la ration des vaches en lactation) auxquels sont mélangés 10 kg bruts de foin fibreux de prairies naturelles récolté en juillet avec une presse équipée d’un rotocut. Un complément de 3 kilos d’aliment de préparation au vêlage Préparto à 27,5 % de MAT est distribué individuellement au cornadis. Les vaches en préparation au vêlage mangent donc quotidiennement plus de 16 kg de matière sèche ! Cette consommation élevée va booster l’ingestion en début de lactation.

Préparto est un concentré tout en un qui apporte de l’énergie et des protéines pour concentrer la ration, des facteurs d’appétence pour stimuler l’ingestion, des sels anioniques pour baisser la BACA et des hépatoprotecteurs pour soutenir le foie. Dans l’évolution 3.0, il contient également des nutriments qui limitent les phénomènes inflammatoires liés aux stress. Ces derniers consomment beaucoup de glucose et provoquent l’amaigrissement des animaux en fin de gestation (A lire, l’interview de Ghislain Boucher de Provimi sur les intérêts de Préparto 3.0). Le choix de la distribution individuelle de Préparto permet de s’assurer que chaque animal reçoit précisément la dose de nutriments souhaitée.

3 kilos de lait de gagné en début de lactation

Daniel Dubaux a commencé à distribuer Préparto, dans sa version 2.0, en 2017. Auparavant, la ration des vaches en préparation au vêlage était complémentée avec un minéral spécial vaches taries et du chlorure de magnésium. « On déplorait une fièvre de lait par semaine. Près de 15 % des vaches étaient atteintes au vêlage malgré l’administration de bolus de calcium » se souvient l’agriculteur. Aujourd’hui, l’hypocalcémie clinique ne concerne plus que 5 à 6 % des fraîches vêlées. L’éleveur souligne que « le fait de ne plus acheter de bolus de calcium est également une preuve tangible de la nette amélioration de la situation sanitaire ».

Après cinq années de distribution de Préparto 2.0, Daniel Dubaux a essayé la nouvelle version 3.0 en 2022. Il a observé que « l’évolution majeure entre les deux versions, c’est la forte augmentation de production laitière en début de lactation qui se maintient pendant tout le cycle ». Il a mesuré un gain de 3 litres de lait avec Préparto 3.0. Il admet « avoir été réticent à monter les pics de lactation à plus de 50 kilos de lait de peur de fragiliser les vaches et d’une augmentation de lait éphémère, limitée au début de lactation ». C’est, au contraire, un objectif aujourd’hui. En effet, son exploitation peut livrer plus de lait chaque année à la condition de transmettre à la laiterie la prévision de production sur 12 mois glissants et de la respecter. Les démarrages en lactation à haut niveau demandent une attention particulière. Une fois vêlés, les animaux restent sous surveillance sur une aire paillée. Les multipares y séjournent une quinzaine de jours tandis que les primipares ne rejoignent le reste du troupeau que lorsqu’elles fréquentent spontanément les robots de traite. Les vaches au-dessus de 50 litres de lait par jour sont supplémentées individuellement au robot avec de la matière grasse hydrogénée.

Les indicateurs de santé au vêlage mesurés au Gaec des Lilas (Année 2017).

Préparation au vêlage
avec 3 kg de PREPARTO 2.0
SEUILS de référence
% de non délivrance2 %< 10 %
% de Fièvre de lait (et Hypocalcémie)6.6 %< 5 %
Béta OH à J-7 jours avant vêlage (1)0.43 mmol / l de sang< 0.6 mmol / litre de sang
Béta OH à J-7 jours après vêlage (1)0.7 mmol / l de sang< 1.2 mmol / litre de sang
(1) Les Béta OH sont des marqueurs de l’acétonémie

A la question sur le prix du concentré Préparto, Daniel Dubaux répond « qu’en 2017, il avait calculé un coût d’usage 3 par vache et par an équivalent à celui d’un flacon injectable de calcium ».  Aujourd’hui, il avoue ne pas s’intéresser au coût exact « car le bénéfice de la tranquillité en début de lactation est de toutes les façons supérieur ». Renseignement pris auprès de Provimi, le concepteur de Préparto, le coût de distribution de Préparto à raison de 3 kilos sur 21 jours de préparation au vêlage est d’environ 44 € par animal et par an en incluant les apports en énergie en protéines et en minéraux qu’il faudrait de toutes les façons apporter avec un programme classique. Le coût d’usage de Préparto se situe autour de 15 à 20 € par vache et par an.

  1. Ce qui donne une productivité théorique de 120 VL / UTH lait. ↩︎
  2. Le Gaec des Lilas pratique un tarissement sélectif prudent bien que le taux cellulaire moyen soit de 165 000 cell / ml au tank. ↩︎
  3. En prenant en compte le coût de l’énergie, des protéines et des minéraux apportées par Préparto qu’il faudrait de toutes les façons apporter avec un programme de préparation au vêlage classique. ↩︎