Les obligations environnementales sont très souvent reléguées aux inconvénients du métier d’agriculteur. Aubin Lebrun d’Innoval, René Fournier de MSD Santé Animal France ainsi que Morgane Carn, du Cerfrance Brocéliande, analysent les objectifs de réduction des émissions de carbone sous un angle positif pour les éleveurs eux-mêmes.
Innoval a démontré, grâce à une étude portant sur 486 diagnostics CAP’2ER, que la performance écologique n’était pas opposée à la performance technico-économique, bien au contraire. En effet, les 25% d’exploitations qui émettent le moins de Gaz à Effet de Serre (GES) par litre de lait affichent également une plus grande productivité laitière par animal. Additionné à un âge au premier vêlage plus jeune, à de meilleures performances de reproduction et à un taux de réforme plus faible, la quantité de lait produit par jour de vie en ressort plus élevée. Les exploitations laitières vertueuses sont plus efficientes dans la valorisation des concentrés et des engrais minéraux. Ces meilleures performances technico-économiques leur permettent de dégager un EBE par UMO exploitant un-tiers plus important (94 000 € vs 71 000 €).
Les résultats d’essais scientifiques présentés par René Fournier, responsable Filière Lait chez MSD, confirme ces observations de terrain. Les émissions de CO2 par litre de lait livré déclinent quand la productivité par vache augmente, du moins jusqu’à 9000 kg de lait par an. Pour un même niveau de production, elles diminuent lorsque le taux de détection des chaleurs augmente (et donc que l’intervalle entre vêlages se réduit) car la quantité de lait par jour de vie augmente mécaniquement. Pour la même raison, la réduction de la prévalence des principales maladies (mammites, cétoses, liaisons podales) impacte à la baisse les rejets de GES des fermes laitières. Tout comme l’avancée de l’âge au premier vêlage. Conclusion : l’amélioration des performances zootechniques et sanitaires réduit l’empreinte carbone des élevages tout en étant bénéfique pour les résultats économiques.
En plus, les tonnes de carbone économisées peuvent-être vendues à des entreprises qui n’ont pas peu réaliser leurs objectifs de réduction via un organisme comme France Carbon Agri.1
- Relire à ce sujet le témoignage du Gaec Beaucamp dans Mag XXLait de l’été 2021. L’augmentation de leur surface en herbe et la réduction du taux de renouvellement pourrait leur permettrait de réduire leurs émissions de CO2 eq d’une tonne et, ainsi, d’empocher un chèque de 30 000 € (si cet objectif est atteint). ↩︎