Appoline Martel du Gaec de Guimbert

Apolline Martel du Gaec de Guimbert : Être agricultrice n’a rien changé à ma vie sociale d’avant !

Apolline Martel, jeune éleveuse installée en 2020, témoigne de son organisation du travail qui lui permet de mener une vie sociale comme avant son installation. Ses atouts : la recherche permanente de l’efficacité au travail et une communication active pour séduire une jeune main d’œuvre temporaire pour les remplacements. Y compris pour les traites du week-end.

En juillet 2020, Apolline Martel s’est installée en Gaec1 avec son père Bruno sur une exploitation laitière bio. Ils élèvent 125 vaches laitières pour livrer 700 000 litres de lait. Après avoir obtenue un BTS PA, la jeune femme a travaillé au service nutrition animale d’une coopérative pendant une année. Une durée suffisante pour se rendre compte que « conseiller les agriculteurs n’était pas son truc et qu’elle préférait agir ». Dans ses souvenirs, Apolline Martel a toujours voulu devenir éleveuse « pour prendre soin des animaux ». L’opportunité s’est présentée en 2018 lorsque son père et ses deux associés d’alors se sont séparés. Elle dépose un CV et une lettre de motivation dans la boîte aux lettres de son père pour postuler en tant que salariée. Elle le restera pendant plus d’un an. Puis, elle saute le pas en s’associant avec son père en juillet 2020. Elle avait alors 21 ans et n’avait pas envisagé de s’installer aussi jeune. Mais, l’occasion ne se représenterait sans doute pas rapidement. « J’ai tout de suite été plongée dans le bain des responsabilités car mon père n’est présent sur la ferme qu’une seule journée par semaine à cause de sa fonction de président de groupement » se souvient la jeune agricultrice. Elle s’est donc formée « sur le tas » au management de l’exploitation, des deux salariés (dont son frère cadet Maxime) et de l’apprenti(e).

Tous les mercredis auprès des enfants

Son métier et ses responsabilités ne l’empêchent pas de poursuivre sa vie sociale d’avant. « Je continue de voir mes amis comme avant mon installation, à faire du sport, à m’accorder des journées shopping » se réjouit Apolline Martel. Sur l’exploitation, les journées commencent à 7 heures avec la première traite et se termine à 18 heures par celle du soir. Personne ne fait les deux traites si bien que la durée de travail est plus court pour chacun. La jeune femme prend deux semaines de vacances par an. Un temps limité car son mari, qui est également éleveur laitier en individuel, ne peut pas s’absenter plus longtemps. Elle consacre tous ses mercredis à ses enfants et n’est d’astreinte qu’un week-end sur trois.

Au Gaec de Guimbert, les deux traites quotidiennes se font en équipe de deux. Chacun des 2 associés et des 3 salariés (dont une apprentie) ne trait qu’une seule fois par jour.

Comment y parvient-elle ? Sa botte secrète tient en deux idées-clefs : 1/ être efficace au travail et 2/ communiquer sur l’ambiance et les valeurs de l’exploitation pour séduire les jeunes prêts à donner un coup de main temporairement. « Quand nous sommes au travail, nous évitons les pertes de temps » explique la jeune éleveuse en précisant les outils qu’elle a déployés. « Nous n’instituons pas de pause-café et les consignes sont données pendant le temps de la traite et sur notre groupe WhatsApp®. Dès le matin, chacun connait les tâches qui lui sont assignées pour la journée ». Les protocoles de soin sont écrits et accessibles à tous et les animaux à traiter sont clairement identifiés. Par exemple, dans la salle de traite, un écran affiche automatiquement toutes les vaches qui sont entrées sur les quais avec les éventuels soins à prodiguer pour chacune. En plus d’un salaire de 1700 € nets par mois, les salariés sont intéressés aux résultats grâce à la mise en place d’une épargne salariale.

Saisie d’écran de la page Facebook®. Du Gaec de Guimbert. Apolline Martel y est très active pour partager sa passion de l’élevage, son quotidien d’agricultrice et ses astuces
Saisie d’écran de la page Facebook®. Du Gaec de Guimbert. Apolline Martel y est très active pour partager sa passion de l’élevage, son quotidien d’agricultrice et ses astuces

Active sur les réseaux sociaux

Apolline Martel affirme « n’avoir aucun mal à trouver de la main d’œuvre temporaire ». Y compris pour compléter les équipes de traite du week-end. Une facilité qu’elle attribue à sa communication et à son ouverture au public. Apolline Martel est très présente sur les réseaux sociaux pour partager sa passion de l’élevage, son quotidien d’agricultrice et ses astuces. « Certes, cela me prend un peu de temps. Mais, c’est indispensable pour donner envie aux jeunes de venir chez nous et susciter des vocations » argumente la jeune éleveuse. L’exploitation accueille également des élèves du lycée agricole de Redon pour des travaux pratiques comme l’écornage des veaux. L’exploitation ouvre régulièrement ses portes aux familles des environs qui viennent acheter du lait directement à la ferme et aux enfants des centres de loisir. 

Le bonheur est dans de petits collectifs de 2 ou 3 associés

Dans notre enquête réalisée auprès de 300 éleveurs laitiers en 2022, il ressort que plus de la moitié des éleveurs se plaint de leurs conditions de travail. Les principales insatisfactions portent sur la surcharge de travail au quotidien (en particulier dans les exploitations individuelles) ainsi que sur le nombre insuffisant de week-ends libres et de jours de vacances. Ce sont les exploitants en individuel et dans de petits collectifs sans salarié qui souhaiteraient le plus dégager plus de temps libre. A l’opposé, les éleveurs laitiers travaillant dans de petits collectifs de 2 ou 3 associés et employant des salariés parviennent le mieux à organiser une qualité de vie proche de leurs attentes. Dans ces structures, le taux de satisfaction vis-à-vis du temps libre est supérieur à la moyenne, sans pour autant atteindre des sommets avec 45 à 55% d’éleveurs contents.
  1. Le Gaec de Guimbert est localisé à Bain-Sur-Oust, près de Redon dans le Sud de l’Ille-et-Vilaine. ↩︎