REPORTAGE – Depuis deux ans, les associés de l’EARL de la Gravelle (au sud de la Loire) renouvellent leurs pâtures sous un couvert de méteils. Une technique qui permet d’augmenter leur productivité et de limiter leur salissement par les mourrons au printemps.
A l’EARL de la Gravelle, au sud de Nantes, les sols limoneux sableux portants permettent aux soixante-dix vaches laitières de sortir quasiment toute l’année. La période de véritable pâturage est, cependant, beaucoup plus réduite : de février à la fin mai. David Arnaud, l’associé en charge du troupeau laitier, explique « qu’à partir de juin, il ne peut plus compter sur la pousse de l’herbe à cause de la chaleur et du temps sec ». A l’automne, les prairies ne sont que rarement pâturées : l’exploitant préfère les laisse monter en graines pour les réensemencer naturellement. Pourquoi, alors, maintenir le pâturage pour une si courte durée d’exploitation ? David Arnaud répond à cette question avec trois arguments. Le premier, c’est le bien-être et la santé du troupeau : le pâturage a un effet améliorateur sur les boiteries infectieuses. Le deuxième intérêt est nutritionnel ; pâturée, l’herbe est plus riche en azote que l’ensilage. « C’est un bon complément de la ration à l’auge » selon l’éleveur qui observe « une augmentation de deux kilos de lait quand les animaux pâturent ». « Enfin, l’herbe pâturée est quatre fois moins chère au kilo de matière sèche que l’ensilage » calcule le jeune agriculteur. Il conclue que « lorsque le parcellaire s’y prête, le pâturage a beaucoup d’atouts ». Les prairies ne couvrent jamais plus de la moitié des besoins des animaux qui ont toujours, au minimum, une demi-ration à l’auge. « Je veux conserver une production de trente-cinq kilos de lait par vache et par jour pour maintenir un bon niveau de marge alimentaire par vache afin de couvrir nos investissements dans l’automatisation » justifie l’éleveur.Les quatre associés de l’Earl ont choisi de robotiser la traite, le nettoyage des aires d’exercice et l’alimentation pour consacrer du temps aux élevages avicoles de l’exploitation (lire à ce sujet la fiche descriptive de l’exploitation).
Des prairies moins sales au printemps
Quatorze hectares d’herbe de prairies multi-espèces sont disponibles autour du bâtiment. Ils sont renouvelés par quart de surface tous les quatre – cinq ans en semant dix kilos de RGA tétraploïde et diploïde, sept kilos de fétuque élevée et trois kilos de trèfle blanc géant et nain (soit vingt kilos de semences par hectare). « L’introduction de la fétuque élevée dans le mélange augmente la résistance au sec de la prairie, et prolonge sa durée de vie » commente David Arnaud. Depuis 2021, les pâtures sont semées sous un couvert de méteil composé de vingt kilos d’avoine noire (choisie pour sa souplesse d’exploitation), de deux kilos de vesce velue et de dix kilos de trèfle incarnat. « En semi sous couvert, il faut éviter de semer un méteil trop dense pour laisser la lumière pénétrer » recommande l’agriculteur.
Il a adopté cette conduite du semi pour deux raisons. Le semi sous couvert réduit le salissement des parcelles au printemps. « Les épandages de matières organiques en automne ensemencent les parcelles en mourrons et en renoncules » explique David Arnaud. Ces espèces dominent le RGA et la fétuque élevée, des graminées à implantation lente, si bien que la prairie est envahie de mauvaises herbes au printemps. Le méteil, au contraire, se développe rapidement en sortie d’hiver et étouffe les adventices. La deuxième raison est liée au semi plus tardif des prairies en automne : ils ont progressivement été repoussés de la mi-septembre à la mi-octobre pour profiter de conditions d’humidité plus favorables à la levée. De ce fait, la première exploitation de l’herbe est également plus tardive au printemps. Le couvert de méteil plus précoce remédie à cet inconvénient avec une première exploitation productive dès la mi-avril (au sud de la Loire).
Un semi en deux temps
A l’EARL de la Gravelle, les nouvelles pâtures sont mises en place derrière les moissons de céréales à paille. Le déchaumage de la culture est suivi de deux passages de rotolabour pour favoriser la germination des mauvaises herbes (technique du faux-semis). Le couvert de méteil est implanté en premier avec un semoir en lignes. La prairie est semée séparément, dans un deuxième temps, avec un distributeur d’engrais pendulaire. La parcelle est finalement roulée à deux reprises.
Pour sa première exploitation, la parcelle est soit fauchée ou pâturée. L’ensilage est généralement réalisé deuxième quinzaine d’avril avec un rendement autour de trois tonnes de matière sèche et une teneur en protéines comprise entre 16% et 20 %. Trois à quatre semaines plus tard, la parcelle entre dans le circuit de pâturage avec deux passages des animaux au printemps et un autre possible, au début d’automne, si la pluie a permis une repousse.