Lucie et Olivier Georges se sont installés avec leurs quatre enfants, également passionnés d'élevage, dans la région du Nes Perche il y a tout juste deux ans. Au-delà d’un métier, leur + installation est un projet de vie familial.

Les animaux nous rendent l’investissement que l’on fait dans leur bien être

TEMOIGNAGE. Lucie et Olivier Georges et leurs quatre enfants ont trouvé dans la région du Perche l’exploitation presque idéale pour vivre de leur passion pour l’élevage laitier. Convaincus que le bien-être animal n’est pas seulement une préoccupation sociétale, mais que c’est rentable, ils se sont lancés dans une série d’investissements pour améliorer le confort et l’hygiène dans leur bâtiment.

Venus de la Meuse, Lucie et Olivier Georges ont repris une exploitation laitière dans le Perche il y a tout juste deux ans avec un projet de vie qu’ils affichent fièrement dans l’intitulé de leur Gaec : Le Gaec Lait Heureux. Lucie Georges aime à dire « qu’ils se sont installés à six avec leurs quatre enfants, de véritables passionnés d’élevage ». Leur installation, au-delà d’un métier, est un projet de vie familial.

L’attrait du Perche

Le souci du bien-être animal commence dès l’élevage des veaux. Une quarantaine de génisses de renouvellement, issues de l’insémination en semences sexées de 45 mères, est élevée chaque année. Des veaux bien nourris, bien logés et en bonne santé expriment bien leur croissance et les éleveurs le vérifient en les mesurant tous les 15 jours.

Le souci du bien-être animal commence dès   l’élevage des veaux. Une quarantaine de génisses   de renouvellement, issues de l’insémination en   semences sexées de 45 mères, est élevée chaque   année. Des veaux bien nourris, bien logés et en   bonne santé expriment bien leur croissance et les   éleveurs le vérifient en les mesurant tous les 15   jours
Le souci du bien-être animal commence dès l’élevage des veaux. Une quarantaine de génisses de renouvellement, issues de l’insémination en semences sexées de 45 mères, est élevée chaque année. Des veaux bien nourris, bien logés et en bonne santé expriment bien leur croissance et les éleveurs le vérifient en les mesurant tous les 15 jours

Auparavant, Olivier Georges était associé dans un Gaec familial dans le- quel sa femme était salariée. «Dans le nord de la Meuse, à la frontière avec la Belgique, nous avions beau- coup d’handicaps pour produire du lait> se souvient le jeune agriculteur qui évoque «une surface de 265 ha éclatée en 105 ilots, des terres séchantes qui limitaient les rendements et la qualité des fourrages, des bâtiments coincés dans le village, un prix du lait très volatil lié au marché spot». Le contexte n’était pas idéal pour vivre de leur passion de l’élevage laitier. La famille a donc pris la décision de quitter leur département d’origine, auquel ils étaient pourtant attachés, pour se réinstaller ailleurs. Depuis qu’elle était enfant, Lucie Georges venait régulièrement passer ses vacances dans la région du Perche dont elle aimait les paysages. « Nous avons donc recherché une exploitation à reprendre dans cette région et nous avons eu de la chance de la trouver» raconte Lucie Georges. La famille a été séduite par la belle maison d’habitation suffisamment spacieuse pour loger tout le monde et par les 105 ha de terres de limons profonds groupées autour du site d’élevage et parcourues par un réseau enterré d’épandage du lisier (pour épandre sans tonne). «Ici, il y a un vrai dynamisme laitier» se réjouit Olivier Georges qui note que «tous les exploitants qui partent en retraite trouvent un repreneur». Rien que dans leur village, il a compté trois CUMA.

Le bien-être, ça se mesure !

«En s’installant, nous nous sommes tous les deux beaucoup endettés et on a tout misé sur la production laitière » observe le couple. «Alors, il faut que l’on soit stricte sur la conduite d’élevage, que l’on soit bon sur la tech- nique, qu’on améliore chaque point qui doit l’être pour gagner notre vie». Et Le bien-être de leurs animaux, ils y sont très attentifs au quotidien. «Un animal mis dans de bonnes conditions de confort et d’hygiène reste en bonne santé et est plus efficace pour transformer sa ration. Ça fait baisser le coût de production du lait » est convaincu Olivier Georges. «L’amélioration du confort se mesure sur le comportement des animaux» témoigne sa femme, chiffres à l’appui. «Comme nous sommes équipés de colliers de monitoring, nous avons pu mesurer les effets de notre ré- novation des logettes sur le temps d’ingestion [+ 20 minutes par rapport aux précédentes logettes), le temps de rumination [+ 20 minutes égale- ment) et le temps de couchage [+ 30 minutes)».

Une autre motivation de travailler sur le bien-être animal pour les jeunes installés est de « pouvoir ouvrir leurs portes sans aucun complexe et montrer qu’ils n’ont pas à rougir des conditions d’élevage de leur troupeau même s’ils sont dans un système intensif». Par exemple, Olivier Georges déplore que «les gens associent trop facilement pâturage et bien-être». IL aimerait les convaincre que «dans sa région où les épisodes de fortes chaleurs commencent dès juin, ses Prim’Holstein sont mieux à l’intérieur».

Bien que les vaches demeurent toute l’année dans le bâtiment, les éleveurs considèrent qu’ils maîtrisent la maladie de Mortellaro. IL faut dire qu’ils y consacrent du temps puisqu’ils lavent les pattes des animaux à chaque traite et passent les vaches dans un pédiluve trois fois par semaine. Pour limiter le temps de traite, Lucie Georges a décidé de supprimer le post-trempage depuis novembre 2021 sans conséquence, jusqu’à présent, sur le nombre de mammites limité à six par an.

Diagnostic Boviwell

Pour identifier ce qu’ils pouvaient améliorer pour le bien-être de leurs animaux, ils ont fait faire un audit Boviwell par l’intermédiaire de leur laiterie (voir l’encart sur le diagnostic Boviwell). Ce diagnostic permet d’évaluer le niveau de bien-être des animaux suivant des critères reconnus et observables: l’absence de soif et de faim, l’absence d’inconfort physique, l’absence de blessure et de douleur, l’expression d’un comporte- ment « naturel» et l’absence de peur et de détresse.

Dans l’élevage, chaque vache dispose d’une place de couchage et d’une place à l’auge. «Nous cherchons bien sûr à augmenter notre production laitière pour livrer toute notre référence {ndir: ce qui n’a pas été le cas cette année) mais, surtout pas avec plus de vaches en densifiant le nombre d’animaux. Nous voulons produire plus de lait par vache, de facon efficace» insiste Olivier Georges. Les vaches ont accès à 21 cm linéaire d’abreuvoirs par animal qui sont nettoyés une fois par jour. La distribution de la ration a lieu deux fois par jour et les éleveurs veillent à ce qu’ils enlèvent quotidiennement des refus car «c’est ce qui montre qu’elles ont suffisamment à manger».

Lucie et Olivier Georges ont recouvert les 600 m° de couloirs d’exercice avec des tapis IDS Zig-Zag. Ce sont des tapis de convoyeur de carrière recyclé. Ils sont nettoyés, sculptés et découpés par l’entreprise IDS. Leur spécificité est d’être armé avec des câbles métalliques ce qui limite leur déformation. Ils sont livrés en rouleaux de 31 mètres de long et de 60 cm à 120 cm de large (largeur de la bande sur mesure). Chaque bande est fixée au sol à son extrémité et déroulée au télescopique. Le lissage de la bande se fait en la foulant au pied. Puis, elle est fixée au sol d’un seul côté avec des tirefonds positionnés tous les mètres. Les vaches peuvent réintégrer Le bâtiment dès la fin de la pose.

Lucie et Olivier Georges ont recouvert les 600 m2
 de couloirs d’exercice avec des tapis IDS Zig-Zag. Ce sont des tapis 
de convoyeur de carrière recyclé. Ils sont nettoyés, sculptés et découpés par l’entreprise IDS. Leur spécificité est 
d’être armé avec des câbles métalliques ce qui limite leur déformation. Ils sont livrés en rouleaux de 31 mètres de 
long et de 60 cm à 120 cm de large (largeur de la bande sur mesure). Chaque bande est fixée au sol à son extrémité 
et déroulée au télescopique. Le lissage de la bande se fait en la foulant au pied. Puis, elle est fixée au sol d’un seul 
côté avec des tirefonds positionnés tous les mètres. Les vaches peuvent réintégrer le bâtiment dès la fin de la pose.
Lucie et Olivier Georges ont recouvert les 600 m2 de couloirs d’exercice avec des tapis IDS Zig-Zag. Ce sont des tapis de convoyeur de carrière recyclé. Ils sont nettoyés, sculptés et découpés par l’entreprise IDS. Leur spécificité est d’être armé avec des câbles métalliques ce qui limite leur déformation. Ils sont livrés en rouleaux de 31 mètres de long et de 60 cm à 120 cm de large (largeur de la bande sur mesure). Chaque bande est fixée au sol à son extrémité et déroulée au télescopique. Le lissage de la bande se fait en la foulant au pied. Puis, elle est fixée au sol d’un seul côté avec des tirefonds positionnés tous les mètres. Les vaches peuvent réintégrer le bâtiment dès la fin de la pose.

Tapis de couloir IDS
Zig-Zag

L’audit Boviwell a révélé un nombre excessif de tarsites. Les causes : le réglage des logettes, vieilles de vingt ans, n’était plus adapté aux vaches et les matelas étaient trop usés. Le couple d’associés a investi 500 € par place pour remplacer le tubulaire et les matelas.

Les glissades sur les bétons lisses étaient une autre source fréquente de blessures et de pertes d’animaux. Les vaches se déplaçaient avec pré- caution: elles montraient peu leurs signes de chaleurs et quand elles tombaient, elles ne se relevaient pas. «Nous en avons trouvé plusieurs en- trainées par le racleur hydraulique dans le pré-fosse » se souvient Olivier Georges. En 2022, ils ont recouvert les 600 m° de couloirs d’exercice avec des tapis IDS Zig-Zag qui ont été dénommés ainsi du fait du dessin de leurs rainures. «Dans un système comme le nôtre où les animaux ne sortent pas, ces tapis ont toute leur place» argumentent les deux éleveurs. Ils reconnaissent «que les tapis IDS ont réduit le nombre de chutes et que lorsque les animaux tombent, ils se font moins mal et se relèvent plus facilement». Elles sont plus sures dans leurs déplacements, elles marchent plus sereinement, elles n’hésitent plus à accélérer le pas dans les cou- loirs ou à lever leurs pattes pour se gratter. «Elles ont un comportement plus naturel, plus proche de celui qu’elles peuvent avoir dans les pâtures» résume Lucie Georges. «Ce sont des tapis solides, on est rassuré sur leur vieillissement». La contrepartie de cette solidité et de cette stabilité est que l’installation doit s’effectuer avec un engin télescopique en raison du poids important du tapis. L’aide d’un technicien de chez IDS permet de mettre en place rapidement les ta- pis, même si, comme le confie Olivier Georges, «c’est du sport».

Depuis deux ans, ils ont investi autour de 100 000 € [34 € / 1000 litres de lait / an) pour améliorer le confort dans leur bâtiment. «Nous sommes confiants dans le retour sur investissement, nos animaux vont nous les rendre grâce à une meilleure efficacité alimentaire, un bon état sanitaire et de bons résultats de reproduction» affirme Olivier Georges. Les premiers résultats technico-économiques lui donnent raison avec un gain de productivité de 400 | de lait par vache en deux ans (10700 l de lait brut par vache] et 255 € par 1000 litres de lait de marge sur coût alimentaire [MCA) en 2022.

Objectif : plus de 3 lactations par vache

«Il nous reste encore beaucoup de points à améliorer, au premier rang desquels le vieillissement des mères » relève Lucie Georges. Aujourd’hui, plus de la moitié des vaches en lactation sont des primipares car les associés ont fait beaucoup de sélection dans le troupeau pour qu’il corresponde mieux à leur vision. Leur objectif est de faire plus de trois lactations par vache avec des vêlages précoces à vingt-deux mois. «Pour y parvenir, il faut commencer par diminuer le taux de réforme des primipares» relève Olivier Georges. Comme dans beaucoup de troupeaux, près de 20% des primipares ne font pas de seconde lactation car leur première lactation déçoit. «Économiquement, c’est une catastrophe » assène l’éleveur «alors on va s’améliorer». Les primipares passent leur première semaine après leur vêlage sur une aire paillée, séparées de leurs congénères multipares, pour découvrir le bâtiment, la traite, l’alimentation. À terme, les éleveurs comptent faire un lot séparé de primipares et de vaches dominées. Ils ont déjà deux lots de vaches : l’un constitué de celles en début de lactation jusqu’à l’insémination fécondante, l’autre regroupant les animaux en phase descendante de lactation. Un autre sujet de préoccupation : la gestion du stress thermique. Le bâtiment est équipé de ventilateurs. Pour Lucie et Georges, «c’est insuffisant et les vaches accusent le coup après les journées caniculaires». Pour améliorer l’ambiance lors des grosses chaleurs, les éleveurs souhaitent équiper les longspans de rideaux mobiles. Lucie et Olivier Georges ne manquent de projets pour animer leur passion pour les animaux et cela les rend heureux !

{1} Les tarsites sont des inflammations du jarret. Le premier stade, c’est ta dépilation ; puis apparaît une petite plaie, suivie d’un gonflement plus ou moins important du jarret.

L’audit Boviwell est basé sur un socle scientifique reconnu et permet de noter en élevage des critères objectifs et pragmatiques

Fiche descriptive

Gaec Lait Heureux,
Perche-en-Noë (Orne, 61)

  • 2 associés, Lucie et son mari Olivier Georges aidés d’un salarié.
  • Exploitation spécialisée en lait [les surfaces de culture de vente ont été reprises par un autre agriculteur).
  • 1,48 million de litres de droit à produire (1,35 million livrés) à 34,5 g/kg de TP et 44 g/kg de TB.
  • 135 vaches présentes (125 traites en moyenne] à 10 700 kg bruts par vache avec 54% de primipares dans le troupeau aujourd’hui).
  • IW de 370 J pour éviter un engraissement excessif en fin de lactation.
  • Objectif d’âge au 1er vélage : 22 mois (24 mois aujourd’hui).
  • Marge sur Coût Alimentaire (MCA / 1000 litres de lait): 255 €.
  • 105 ha de SAU groupés (50 ha de maïs ensilage, 26 ha de RGI de 18 mois, 2 ha de prairies naturelles et 27 ha de blé].